lundi 29 septembre 2008

Le bonheur tranquille

Je n’ai pas écrit depuis un certain temps, c’est que je suis vraiment heureuse. Je suis très fatiguée et ça joue sur mon moral de temps à autre (je n’ai pas pris de vacance cette année), mais malgré ça, ça va vraiment bien. Je suis en amour et c’est très réciproque. Tout semble moins lourd dans ce temps-là. Tout est aussi moins lourd aussi. Je m’adapte bien à ma nouvelle réalité et je me sens moins « sur le spot » avec les regards des autres. De plus, j’ai approuvé les publicités Yahoo qui apparaîtront sur deux pages dans la revue Marketing Mag (le 13 octobre) et dans Infopresse en novembre. J’étais vraiment émue de voir à quel point j’étais ravissante sur la photo. Je crois que ce sera le meilleur antidépresseur et j’ai vraiment hâte de vous les partager. Lorsque je serais un peu triste, je m’empresserais d’aller voir ces photos et je suis certaine que ça me remontera le moral. Je commence aussi à trouver mon style et me sens de mieux en mieux dans mon rôle de femme. J’ai aussi de bonnes copines blogueuse et nous nous rencontrons de temps en temps. Vendredi dernier elles ont d’ailleurs rencontré Bibitte et ça a bien cliqué avec elles ce qui m’a réellement fait très plaisir. J’ai aussi mes endroits doudou (dont le Laika sur St-Laurent) et je sais qu’à ces endroits, personne ne viendra m’agresser, j’y ai de nombreux amis et le staff est vraiment gentil avec moi. Bref, la vie est belle et j’en suis très heureuse.

Ha oui, hier j’ai téléphoné à mon père et à l’un de mes frères et nous avons parlé brièvement de comment nous allions. J’appris que mon frère était venu quelquefois à mon bureau, mais que je n’y étais pas. Ça m’a fait chaud au cœur et Bibitte remarqua à quel point je semblais de bonne humeur après ces appels. Ça joue aussi sans doute sur mon humeur…

mardi 16 septembre 2008

Du bonheur et de la désillusion

Parlons d’abord du bonheur. La grande nouvelle des dernières semaines est que je suis revenue en « couple officiel » avec mon ex. J’en suis vraiment heureuse et nous parcourons ensemble cette difficile, mais ô combien fascinante adaptation. Nous cheminons ensemble à l’adaptation des regards qui sont maintenant différents de ce qu’ils étaient lorsque jadis, nous marchions enlacée ensemble ou que nous nous prenions les mains et nous perdions dans le regard l’un de l’autre dans un souper au resto. Ce ne sera jamais plus comme avant et nous apprenons à vivre avec ces préjugés.

Je vis aussi la désillusion de « passer » enfin pour une femme. C’est certain qu’à Toronto ou qu’aux É.-U., les gens sont en moyenne beaucoup plus grands qu’au Québec donc, lorsque je circulais dans la rue, les regards étaient beaucoup moins présents et insistants. Le réveil aux regards d’ici en est d’autant plus difficile à vivre. Cependant, je comprends que je me ferais regarder intensivement pour le reste de mes jours, simplement à cause de ma différence de grandeur qui saute à la face des gens. C’est aussi un élément qui trahit ma transition puisqu’une fois que les gens remarquent à quel point je suis grande, les questionnements sur mon identité sexuelle suivent de près. Une amie qui mesure 6’2’’ se fait régulièrement demandée si elle est bien une femme et elle est pourtant d’une grande beauté et mère de deux enfants. Mais les gens ont de la misère à accepter qu’une femme puisse être si grande. C’est tout dire! Tout ça pour réaliser que je ne passerais peut-être jamais pour une femme, à moins que je ne m’exile aux pays des grands. De plus, je comprends aussi que ma transition est toujours en court, que je ne suis qu’à la moitié des changements corporels qu’engendreront les hormones et que j’ai encore beaucoup de travail à faire sur mes manières et sur ma voix afin de me fondre plus encore dans la foule…
GROS SOUPIR…

jeudi 11 septembre 2008

Profil d’entrepreneure transsexuelle dans LesAffaires

C’est avec un “ti peu” d’émotion que je prends connaissance du profil qu’a rédigé le journaliste Martin Jolicoeur dans son article 60 secondes avec… avec, du Journal Les Affaires. Le sujet est :
Michelle Blanc. Une des consultantes les plus influentes de la francophonie conjugue changement de sexe et succès en affaires.

Merci monsieur Jolicoeur pour votre traitement sobre de ce sujet délicat…

mercredi 3 septembre 2008

La vie est belle

Ce week-end, je suis allée aux E-U avec mon ex-conjointe. Nous avons passé la frontière comme si de rien n’était. Après avoir présentée mon passeport avec ma photo d’une autre vie, puis la lettre de mon chirurgien expliquant que j’ai beaucoup changé, l’agent se pencha, regarda de nouveau la photo du passeport puis me regarda en souriant et me souhaitant « have a very nice trip ». Wow, mon ex. et moi étions flabbergastés. Pas de questions, pas d’hésitations, j’étais réellement bienvenue chez eux. Cette petite anecdote témoigne bien de la réception chaleureuse que nous avons reçue dans le Vermont tout le week-end. Il faisait vraiment beau et toutes les personnes rencontrées ont été vraiment bien avec moi (si ce n’est d’une bonne femme au bar de l’hôtel de Stowe le premier soir, qui commérait solidement sur moi). Le staff était gentil et s’adressait à moi en tant que « madame », nous allions dans les boutiques et les vendeurs étaient charmants. Même mon ex. était réellement ravi de constater comment c’était maintenant rendu facile de circuler avec moi, sans avoir à subir ces fameux regards de mépris qui nous ont tant fait déjà souffrir. Quelle libération!

Mon ex. se sentait tellement bien qu’elle me prenait par la taille lorsque nous circulions et me touchait les mains. L’inconfort venait de moi puisque je me percevais comme une lesbienne qui fait « des choses pas correctes » en public. Les gens autour semblaient de toute évidence s’en foutre et mon ex. m’expliqua qu’elle-même ne se voyait pas comme une lesbienne, mais plutôt comme la femme qui aime une personne qui a beaucoup changé. En effet, si j’étais devenue paraplégique, qu’elle me touche en public serait-il perçu comme un crime possible? Elle a évidemment raison et c’est à moi à m’adapter au plus vite à cette peur des perceptions des autres qui dans le fond, ne sont rien pour moi. Vous comprendrez aussi que nous avons vécu un rapprochement mon ex. et moi et que tout reste à faire, mais que ça me donne des ailes et de l’espoir…

Puis dimanche, lorsque nous arrivons chez elle, l’une de ses très bonnes copines me vit pour la première fois depuis mon opération. Elle était stupéfaite et me trouvait belle comme jamais. Elle me dit :
avant tu avais l’air d’une « matante » mais là tu as du style, de la poitrine, un vraiment beau visage T’es « cute à mort » et c’est bin facile de t’appeler madame maintenant…

Quel bonheur…