lundi 30 juin 2008

Miss Piggy

Billet dupliqué de mon blogue principal

Je suis enfin de retour chez moi et je vais bien. Je me remets tranquillement de l’opération et je n’ai pas de douleurs (j’ai de la bonne drogue prescrite par mon médecin). C’est très inconfortable comme le docteur me l’avait prédit et j’ai la tête lourde. Mais de jours en jour, je découvre ce nouveau visage. La première journée je ressemblais à Miss Piggy, puis hier et aujourd’hui j’ai l’air d’une femme qui a été sévèrement battue. La constante dans tout ça est que j’ai déjà l’air d’une femme et j’en suis vraiment heureuse. Je revois mon chirurgien, le docteur BenSimon vendredi et dès lors, je devrais avoir une meilleure idée de mon nouveau look. Je vous embrasse tous et vous remercie encore de vos nombreux messages de soutiens…
MAJ
Un merci très spécial pour la pensée de Florence qui m’a beaucoup émue.

jeudi 26 juin 2008

Minuit

Billet dupliqué de mon blogue principal

Il est presque minuit, dans 8 heures débuteras la transformation complète de mon visage et donc de ma personnalité externe. Ça aura des effets indéniables sur ma personnalité interne. J’espère vraiment ne plus vivre le mépris et le dédain à mon égard, que j’ai vécu si vivement et amèrement cette semaine. J’espère enfin que de l’extérieur, on puisse voir la femme que je suis en dedans. J’espère enfin redevenir normale aux yeux des autres. Que de souffrances et que de joies profondes cette condition de transsexuelle me fait vivre. Ces derniers mois, ma vie s’est accélérée par dix. Autant j’ai eu des expériences touchantes, autant j’ai vécu le répugnant. La cadence des événements positifs et négatifs s’est multipliée par dix. L’intensité aussi. Jamais de ma vie je n’avais été touchée autant par la simple gentillesse des gens, et par leur méchanceté aussi. Cette expérience est profonde et troublante. Elle me fait voir des choses magnifiques et terrifiantes, de l’âme humaine. De la mienne et de celle des autres. Demain, je ne serai plus jamais la même personne. Je ne le suis déjà plus…

mercredi 25 juin 2008

Vacance de convalescence

Billet dupliqué de mon blogue principal

À partir de cette semaine, ma vie va changer pour le mieux, et ce, à plusieurs égards. Tout d’abord, je rencontre l’un de mes avocats cet après-midi, avec tous les documents nécessaires, afin qu’il enclenche les étapes légales en vue de mon changement de nom légal de Michel Leblanc à Michelle Blanc. Le changement de prénom relatif à un changement de sexe est une pratique peu dispendieuse et assez facile à faire. Mais comme je change mon prénom et mon nom, cela doit se faire devant un juge et il faut qu’il donne son aval et qu’il trouve les justificatifs satisfaisant (une couple de milliers de dollars) sinon il faut par la suite aller en instance supérieure et c’est là que ça risque d’écorcher sensiblement mon porte-monnaie. On parle de plusieurs dizaines de milliers de dollars. Mais mon dossier semble très positif et je suis sûre que tout ira bien.
Puis jeudi, c’est le grand jour. À partir de 8 h, je suis sur la table d’opération pour subir une chirurgie de féminisation faciale. Les semaines qui vont suivre (mes vacances quoi) serviront à me rétablir et à récupérer des suites de celle-ci. Comme je serai aveuglée par les compresses un certains nombre de jours, je ne vous donnerai pas de nouvelles tout de suite après l’opération. Mais dès que je le pourrai, je vous laisserai savoir si tout a bien été. Comme c’est aussi mon habitude durant mes vacances, je ne bloguerai pas. Cette semaine je travaille, mais je n’ai vraiment pas la tête à discourir de commerce électronique ou de marketing internet. Disons que pour l’instant, mes passions sont sur la glace. Je serai de retour avec mon entrain habituel, quelque part à la mi-juillet, en fonction de mon rétablissement qui devrait être complété à ce moment. Je vous embrasse tous et je pars terminer mon dossier pour le donner à mon avocat cet après-midi. À bientôt…

MAJ
Pour avoir une idée de l'avant/après et pour comprendre un peu comment un "mâle" comme je l'ai été, peu devenir femme, je vous invite à lire l’article de cet ex-capitaine des parachutistes Britaniques, Jan Hamilton, dans le MailOnline.

MAJ2
Nous sommes aujourd’hui mercredi le 25, il est 16:15hr et j’ai été submergée de messages d’appuis, Facebook, Twitt, courriel et autre. Ça me touche beaucoup et je vous en remercie chaudement. Pour l’instant, je ne touche plus à terre d’anxiété. J’arrive de chez mon chirurgien dont le bureau est à 4 portes de chez moi et avec son humour bien particulier, il me demande comment je vais, je lui dis être anxieuse comme je ne l’ai jamais été de toute ma vie. Il me répond de ne pas m’en faire si je ne dors pas ce soir, que de toute façon, je dormirais amplement les prochains jours. Quel blagueur! Ce soir ce sera le Yulbiz mais je n’irai pas. Je suis trop émotive, anxieuse et pas supportable pour y être. J’en suis désolée. De plus, j’ai de la difficulté à recevoir et ça me mettrait dans tous mes états de recevoir tous ces commentaires des copains qui y seront et qui ne manqueraient pas de m’offrir leur support. C’est mon côté moumoune, que voulez-vous? J’ai aussi très peur des appareils photos et ne voudrait pas qu’on prenne « le dernier cliché de ma face » qui se retrouve sur le web, sans mon consentement. J’irais plutôt souper dans un bon restaurant avec mon cousin, et prendre un dernier bon repas solide, avant plusieurs jours. Une bonne bouteille de vin aurai bien arrosé ça, mais je dois me contenter de mon deuxième choix, un Pepsi (pas le droit de boire). Je suis donc vraiment très, très nerveuse, mon docteur comprend très bien la chose (je ne suis pas la première transsexuelle qu’il opère pour ce genre de chirurgie déterminante et radicale), je me sens en confiance avec lui, mais je lui donne tout de même un chèque en blanc pour qu’il change ma face complètement, sans savoir avant ce que ça va donner. C’est le côté vraiment « hallucinant » de toute l’expérience. Mais je prie pour que tout aille bien et suis encore émue de vos nombreux souhaits. Je vous embrasse tous avec ma bouche d’homme, avant de pouvoir le faire avec ma nouvelle de femme…

mardi 24 juin 2008

L’amour et le mépris

Aujourd’hui a été une journée vraiment spéciale à plusieurs égards. Après demain, je change de visage et j’ai passé la journée avec l’amour de ma vie. Elle était d’une tendresse et d’un amour bouleversant. Pour la première fois, elle m’a entrelacée en public, de longs moments. Je ne pouvais que sangloter de joie et me trouver chanceuse d’être aimée par une personne si exceptionnelle. Elle sait que j’ai rêvé que j’étais dans un cercueil à la morgue et que bien que je sois consciente que ce n’est probablement qu’un rêve symbolique de cet homme qui meurt, je ne peux pas m’empêcher de songer à cette autre mort possible sur la table d’opération. J’ai mis mes choses en ordre au cas où et nous nous sommes quitté en larme, comme si c’était la dernière fois que nous nous voyons. Nous avons même eu beaucoup de plaisir à passer cette journée ensemble et elle me disait qu’elle se sentait comme durant ces nombreux voyages ou nous déambulions en amoureux, dans ces rues inconnues de villes où nous n’étions jamais allées. Nous avons même eu de nombreux fous rires et j’ai encore en mémoire ce moment où pour nous protéger de la pluie, nous nous sommes réfugiées sous un arbre, sur un banc d’amoureux, juste à côté de l’Hôtel de Ville. C’était un moment magique.

J’ai eu aussi le plaisir de recevoir le téléphone de son fils, qui est aussi celui que j’aurais aimé avoir. Il me souhaitait bonne chance pour l’intervention qui s’en vient et me dit tout l’amour qu’il avait pour moi. D’ ailleurs, la semaine dernière, je le recevais à souper et à un moment donné il me dit comment il trouvait pénible depuis un an de voir toute la douleur et tout l’amour que sa mère et moi avions l’un pour l’autre. J’en pleurais à chaude larme de constater à quel point il avait été le témoin silencieux de cet amour profond que nous avons depuis maintenant 15 ans.

Pui il y a ce mépris. Comme nous avons marché plusieurs kilomètres dans Montréal, nous avons croisé des centaines de gens. Je n’avais jamais remarqué tout ce mépris que des inconnus peuvent m’afficher sans vergogne, parce qu’ils n’aiment pas la transsexuelle que je suis. Des dizaines de gens me regardant avec autant d’insistance et m’envoyant ces regards pénétrants de dédains et de dégouts. Je me sentais réellement comme un lépreux. Cette expérience troublante me pousse encore plus à espérer que ma chirurgie puisse faire de moi une personne normale de nouveau. Quel inconfort constant de se sentir rejetée et mépriser de la sorte. Ce sont d’ailleurs les communautés minoritaires qui sont les pires. Ces Noires, ces hispanophones et ces Portugaises qui me regardaient comme si elles venaient de voir le diable en personne. Jamais je n’oublierais ces regards qui me blessent tant. En marchant entrelacé dans les bras de mon amour pour quelques instants, enfin je me sentais normale de nouveau. Ne serait-ce que pour ces brefs instants. À un moment donné, sur Mont-Royal, je n’en pouvais plus de voir tout ce mépris et je me surpris à songer qui si je mourais sur la table d’opération, ce serait une belle mort. Qui règlerait bien des problèmes pour tout le monde, moi y comprise. Puis j’eu cette pensée pour ces autres trans qui n’auront jamais les moyens de se payer des chirurgies et pour le calvaire qu’elles devront endurer le reste de leur vie. C’est vraiment insoutenable et j’eus beaucoup de chagrin pour elles et pour moi. J’espère vraiment pouvoir être débarrassée de cette méchanceté et de ces incompréhensions, car je ne sais pas si je pourrais survivre à ça encore bien longtemps

mercredi 11 juin 2008

Les gens qui viennent me parler

Il m’est arrivé de « bitcher » sur ces imbéciles qui me dévisagent. Mais ces jours-ci, ce qui me surprend est les gens qui viennent me voir spontanément. Il y a bien certainement l’aspect curiosité (positive) que mon état peut susciter chez eux, mais il y a aussi sans doute autre chose que je ne peux encore m’expliquer. C’est comme si tout d’un coup, j’attirais des artistes, des designers, des gens avec une ouverture que je n’avais jamais attirés.

Sur un autre ordre d’idée, mais sur le même sujet, hier j’ai pris un drink qui s’est étirée en souper avec un nouveau contact d’affaires. C’est une femme d’une grande beauté et intelligence avec j’ai eu le plaisir de discuter business mais aussi des différents états d’âme que je traverse. À un certain moment donnée, elle me révéla qu’elle était fascinée par ce que je vivais, mais qu’elle ne pouvait pas encore me révéler pourquoi. Disons que ma curiosité maladive en prend un méchant coup. Mais quelle belle soirée j’ai passée en sa compagnie. Étant entre autres une spécialiste de la communication d’affaires, elle me dit avoir remarqué que dans mes allocutions et mes écrits, elle remarquait un manque d’assurance lié à ma condition, dont je devrais me défaire au plus vite, afin de redevenir mordante comme je l’ai toujours été. Encore une autre remarque intrigante! Pour en finir avec cette charmante personne, elle me dit : tu sais Michelle, lors d’épreuves, il y a toujours des gens nouveaux qui apparaissent. Je crois qu’elle a bien raison.

De plus, deux de mes très bons amis à qui je n’avais pas parlé depuis que je leur avais annoncé ma transition m’ont téléphoné cette semaine. Ils avaient bien pris la nouvelle, mais comme nous ne nous étions pas parlé depuis, je m’inquiétais un peu de leurs réactions subséquentes. Elles sont encore plus positives que prévu. Ce qui me fit un réel bien.

dimanche 8 juin 2008

Mon amour s’éloigne

Après certains moments tristes, voici ce qui est aussi apparu sur mon blogue poétique Côté Givré

Je te vois tranquillement t’éloigner et je pense à la mort.
Je sais combien ma condition te fait souffrir et tu es la dernière personne que je veux savoir souffrir.
Je sais être la cause indirecte de tes souffrances.
Je te vois difficilement tenter l’adaptation impossible.
Je vois ton deuil de l’homme que tu aimes.
Je vois la non-attirance de la féminité qui m’envahit.
Je comprends le déchirement intérieur que tu vis à chaque instant. Ce déchirement entre la personne que tu aimes et son nouveau sexe qui t’éloigne, entre la grande admiration et la réaction contre les regards de mépris, entre la compréhension et l’incompréhension, entre ce rapprochement qui t’éloigne des autres, entre l’homme que j’étais et la femme que je suis.

Quelle profonde tristesse que de savoir ta douleur! Quelle culpabilité et quel amour que tu portes à vouloir être là dans mes moments difficiles. Quelle joie que de savoir que malgré tout, nous aurons toujours cette lumière à partager…

jeudi 5 juin 2008

Encore trois semaines et je change de visage

Le compte à rebours a commencé. En fait, ça fait déjà plusieurs mois qu’il a commencé, mais comme l’échéance approche, la nervosité, l’excitation, l’angoisse et la peur se font plus fortes. Je viens de me maquiller et je me regardais vraiment attentivement dans le miroir. J’essayais d’imaginer ce nouveau visage que j’aurais bientôt et ce n’est vraiment pas facile (dans ma tête en cout cas). Tout à l’heure je m’en vais me faire épiler et demain ce sera la teinture. À chacune des personnes que je rencontre désormais je ne peux m’empêcher de me dire (et de leur dire quelquefois) que c’est probablement la dernière fois qu’ils me voient avec mon visage actuel. Les quelques personnes à qui je l’ai verbalisé me disaient un gros « bof », « mais voyons Michelle ». Il est vrai que je suis la seule (avec mon ex., qui a vraiment peur de ne plus me reconnaître) qui semble réaliser qu’elle sera l’ampleur de ces changements. C’est vrai aussi que je serais la seule à vivre avec les conséquences positives ou négatives de ce changement profond. C’est quand même toute une loterie que de donner son visage à un chirurgien et de ne pas avoir une idée précise de ce que sera le résultat avant? Je sais exactement qu’elles seront les procédures et leurs risques, mais comment vont être mon nouveau nez, front, yeux, bouche, joues, menton et quel sera l’ensemble de chacun de ces éléments? Je n’en ai aucune idée et le chirurgien non plus. Du moins, il ne veut pas se prononcer. Comment fera-t-il mon nez? Aucune idée. Disons que je prie pour que le résultat soir satisfaisant et j’essaie vraiment de ne pas mettre mes attentes trop hautes…

lundi 2 juin 2008

De la difficulté

Certains jours, ça va vraiment très bien. Mais d’autres fois, il suffit d’un ou d’une imbécile qui fait exprès de m’appeler « monsieur » et ma bonne humeur chavire. Parfois, je trouve ça vraiment lourd d’êtres une transsexuelle. J’ai vraiment de la difficulté à me regarder dans les yeux des autres et à remarquer à quel point je ne suis plus « normale ». Je vois aussi les efforts incroyables de certains de mes proches et je suis triste de me savoir la cause de leurs chagrins et du deuil de « l’homme » qu’ils appréciaient. Récemment, j’ai rêvé que j’étais morte et je me voyais dans un cercueil à la morgue. Par la suite, je me disais que ce serait une belle mort si jamais je ne traversais pas l’opération FFS et si j’y restais. Mourir en dormant, ce n’est vraiment pas mal comme mort et souvent, je me suis dit que ce serait la plus belle des morts. Je ne serais donc plus un poids pour mon entourage et moi-même et je pourrais renaître en fille et avoir une vie normale et même avoir ces enfants qui me manquent tellement dans cette vie-ci. Puis je me dis que je dois avoir un « karma fucké » et que j’ai certainement à apprendre de cette épreuve que je n’ai pas souhaitée avec laquelle je me dois de composer au meilleur de mes capacités.

J’aimerais tellement dire toute cette douleur qui m’habite parfois et de ses souffrances que je crée aux autres. Mais je ne peux tout dire puisque d’autres personnes sont impliquées et que je me dois tout de même de conserver un certain décorum pour eux. Des fois, je suis vraiment vraiment fatiguée et triste de tout ce qui m’arrive, mais j’ai tout de même l’espoir de jours meilleurs…

P.-S.
Je vais faire mes préparatifs au cas où j’y resterais. Ainsi, tous mes contenus Web, ici et ailleurs, seront mis hors ligne après mon trépas et seront distribués et regroupés par la suite sous format papier. Les revenus potentiels de « mon corpus » iraient en totalités à l’amour de ma vie et lui permettraient peut-être de mettre un baume sur sa douleur…