jeudi 31 juillet 2008

Grosse journée de nouvelles aujourd’hui

Tout d’abord un très chaleureux merci à la très gentille Intellexuelle pour avoir primé cet humble blogue. Comme elle le dit dans son billet :

Il y a bien son blogue plus professionnel, où je tire des milliers d’informations pertinentes. Mais c’est sur son blogue personnel que je retrouve l’émotion. Assister à la naissance d’une femme à travers tous les préjugés, tous les regards obliques, toutes les embuches ; la savoir vivante et forte, directe et droite, solide et fière, me rend encore plus femme à mon tour. Michelle est une femme incroyable et inspirante. Découvrir son périple et suivre au quotidien les aléas d’un choix de vie déchirant quoique impératif est un privilège. Elle m’émeut, m’impressionne et m’interpelle.


Ça me touche beaucoup.

Puis il y a ce client qui m’avait donné un beau gros mandat, après que je lui fis mon coming-out l’automne dernier. Déjà, c’était une marque de confiance et de respect qui m’avait beaucoup touchée. Mais voilà qu’alors que l’allais diner avec lui après un avant-midi de travail, j’étais toujours un homme à l’époque, il me dit avec un élan de franchise peu commune: Tu sais, le vrai test sera vraiment de savoir si j’aurais le cran de te réinviter à diner dans cette brasserie, ou je suis une personne connue, une fois que tu auras fait ta transition?

Il vient de m’inviter à diner dans cette même brasserie ce matin :-)

Puis, il y a cette copine Facebook qui me demande si j’ai vu le film Transamérica. Je lui réponds que curieusement, ce film ne m’avait pas touchée outre mesure, mais que le film qui m’avait complètement bouleversée était plutôt Normal. L’histoire de ce film est tellement semblable à ce que mon ex. et moi vivons (excepté pour la portion travail), que lorsqu’on l’a vue, ça a coûté cher de kleenex. Si vous le voyez, vous comprendrez du coup, son désarroi, le mien et la complexité de notre relation, nous qui continuons de vivre un amour si profond, qui devons vivre avec le regard et le jugement des autres et qui continuons, tant bien que mal, de tenter l’impossible adaptation…

jeudi 24 juillet 2008

Photo de mi-profil 28 jours après FFS












Pour ceux que ça intéresse, voici une vue de mi-profil, 25 jours après ma chirurgie de féminisation faciale. Ça ressemblera beaucoup au visage que je vais avoir le reste de mes jours. Encore d'autres interventions mineures sont prévues pour le 15 août prochain, mais ça ne devrait pas changer substantiellement ce visage. J'en suis très heureuse et ça me permet maintenant de passe à d'autres des nombreuses étapes que j'ai encore à faire avant d'avoir terminé cette transition.

Mon premier bébé

Hier soir, je recevais un couple d’amis/clients venant de New York. Mon amie vient d’accoucher et elle est venue avec sa petite Inez, âgée de 7 semaines. Comme elle était jolie! À un certain moment, je lui ai demandé la permission de la prendre dans mes bras. Ce fut un moment réellement émotif pour moi. C’était la première fois que je tenais un bébé depuis que je suis devenue femme. Ça faisait vraiment drôle de vivre ça et ça m’a émue. Dans ma tête, j’imaginais que c’était mon bébé et que j’étais sa mère. Quel sentiment incroyable! J’aurais tellement aimé avoir des enfants…

mardi 22 juillet 2008

Tellement heureuse d’être enfin une femme

Aujourd’hui il pleut! Mais je suis tout de même vraiment heureuse d’être une femme. Je me sens belle, je suis fière des nouvelles fringues achetées ce week-end et je me sens FEMME. Je me regarde ans le miroir et de matin en matin, mon visage prend ses formes féminines et je l’apprécie et m’y habitue avec ravissement et étonnement. Hier mon cousin est venu me voir et je lui montrais la photo de mon passeport qui a été prise il n’y a que deux ans. Il était estomaqué du changement et me disait qu’il avait maintenant de la difficulté à se souvenir de cet ancien Michel. Il était aussi vraiment expressif et me racontait plusieurs anecdotes démontrant à quel point il me trouvait maintenant féminine. Disons que ça fait du bien au moral. Outre mon ex., mon cousin est mon plus grand soutien. Il était là lors de mon réveil à l’hôpital, il m’encourage et me soutiens depuis le début de mon aventure et est vraiment extraordinaire avec moi.

Aujourd’hui je porte du rouge et je pense que c’est ma couleur féminine de prédilection. Je me sens réellement belle et je ne suis même pas maquillée. C’est tout dire. Il y a des journées comme ça! Heureusement…

jeudi 17 juillet 2008

De ma famille

Comme c’est malheureusement le cas pour beaucoup de transsexuelles, les ponts sont coupés avec ma famille depuis maintenant presque un an. Lorsque j’ai expliqué à l’une de mes sœurs ce que je vivais, dans une crise émotive, elle me lança qu’elle aurait préféré apprendre que j’étais morte. Depuis, elle et la majorité des autres membres de ma famille m’ont tuée socialement. C’est elle qui recevait à Noël, et ma conjointe, son fils et moi-même n’étions pas les bienvenues. Malgré le fait que ma conjointe et moi, avions reçu toute la famille à tous les deux ans, durant les 14 dernières années et que nous faisions plusieurs partys ou les mets fins et les bons vins, étaient fournis à profusion. Malgré aussi que j’y serais allée en homme. Tout d’un coup que j’aurais parlé de mon « problème »? Le risque était trop grand et il aurait brisé « la quiétude » de ma très chère petite sœur. Maintenant, tous les événements familiaux se font sans ma présence. Je suis « barrée » comme on dit. Je parle encore à mon père et à deux de mes frères qui me voient à l’occasion. Mais je viens d’une famille recomposée de neuf enfants, sans compter les conjoints et mes petits neveux et nièces dont je suis aussi coupée. La semaine dernière, je me suis vraiment fâchée et je suis « tombée dans la face » de mon père et de mes deux frères. Je suis estomaquée et profondément blessée qu’ils n’ont jamais rien dit au reste de la famille et qu’ils acquiescent, de facto, à mon exclusion systématique de la famille. Ils disent accepter ma condition, mais à chaque fois que nous nous rencontrons ils me parlent de la famille, me donnent des nouvelles auxquelles je n’ai pas la capacité de réagir et m’accusent de ne pas donner « le temps ». Par exemple, l’une de mes sœurs a fait une deuxième fausse couche, mais elle aime mieux ne pas me parler avant qu’elle ne soit prête. Ça me met en « tabarnak » de savoir ça et de ne pas avoir la capacité de réagir. J’ai dit à l’un de mes frères de ne plus me donner de nouvelles de la famille et de ne plus leur en donner de moi. S’ils veulent savoir comment je vais, ils pourront toujours me téléphoner. Ce qui me chagrine vraiment dans tous ça est que plus le temps passe, plus il passera. À un certain point, ce sera rendu facile d’agir comme si j’étais morte et la culpabilité du rejet qu’ils me font vivre empirera les choses. Lors de la dernière discussion avec l’une de mes sœurs, elle me demandait de respecter le fait qu’elle avait besoin de temps. Je lui répondis, que je comprenais, mais que je me demandais ce qu’elle faisait de ce temps. Voit-elle un psychologue, fait-elle des lectures ou pense-t-elle que par miracle, un beau matin elle va se lever et que cette journée-là elle sera enfin prête à me voir telle que je suis? La conversation se termina là et nous n’avons jamais reparlé depuis. Mon père me dit qu’il ne pouvait rien faire. Je lui répondis que je comprenais le fait qu’il ne fasse rien. Mais qu’il y avait quelque chose à faire, qu’il pouvait faire quelque chose et qu’il ne faisait rien. Il pourrait dire que c’est inadmissible qu’une fête de famille ait lieu sans l’un de ses membres. Il pourrait faire la grève de sa présence. Il pourrait être le père de famille qui « parle dans le casque » à ses enfants. Mais il est faible, vieux, a peur du risque et ferme sa gueule. Mes deux frères qui sont mieux placés pour parler sont tout aussi lâches. Si l’un des membres de la famille avait subi ce sort, il me semble que j’aurais été la première à le défendre et à être outré de cette injustice.

Le plus triste dans tout ça, est que le prochain moment qui risque de tous nous réunir, sera très probablement à la mort de mon père. Mais à ce moment-là, ma famille aussi sera probablement enterrée pour moi…

Se faire une carapace

Avant l’éclatement de mes mécanismes de défense et mon entrée dans la réalité transsexuelle, j’étais une personne avec la mèche courte et la susceptibilité grande. Depuis, peu a changé à ce chapitre sauf que maintenant, ça me fait terriblement souffrir. Mais comment se fait-on une carapace? C’est une question que je vais investiguer à fond avec mon psy, à son retour de vacance, car c’est rendu vraiment difficile pour moi. À chaque fois qu’on me dit il ou qu’on se réfère à moi comme un homme, ça me blesse un peu et cette blessure grandit de jour en jour. Le pire, c’est quand je paye pour un produit ou un service et qu’on me donne du « monsieur ». Là je ne suis vraiment pas contente et si je peux exprimer mon mécontentement, je me sens mieux. Sinon, je reviens chez moi avec une boule de frustration dont je ne sais que faire. Je croyais que la FFS enrayerai ça une fois pour toutes, mais ce n’est vraiment pas le cas. Ce qui a changé est que lorsque je suis assise sur une terrasse du centre-ville, les passants qui auparavant lorsqu’ils s’adonnaient à me voir, me fixaient du regard avec une insistance accompagnée quelquefois de mépris, on me pointait du doigt et ou on se moquait ouvertement de moi. Maintenant, au regard furtif, je ne sors plus comme avant, de la masse. Alors, les gens me regardent puis continuent de balayer ailleurs du regard. C’est déjà ça. Cependant, si on est assis pas très loin de moi et comme le font souvent les gens, on commence à observer chacune des personnes de l’environnement proche, il semble qu’on s’aperçoive facilement qu’il y a quelque chose qui cloche chez moi et les regards se font dès lors, plus persistent. Je comprends que je suis encore enflée, que l’effet complet sur le corps des hormones, prend environ deux ans et que je n’en prends que depuis 6 mois, que ma voix et mes manières ont encore besoin de beaucoup de travail et que je suis aussi d’une grandeur hors norme pour un homme, donc que ça attire l’attention encore plus, pour une femme. Je sais tous ces éléments et je comprends cette insistance des gens à me décortiquer ou à me juger du regard. Mais comment vivre avec ça tous les jours sans que ça ne m’affecte? Là est la grande question à laquelle je n’ai pas encore de réponse et avec laquelle je me dois de composer coûte que coûte, probablement pour le reste de mes jours…

mercredi 16 juillet 2008

De ma transparence

Pierre Côté qui fait parti de mes connaissances Facebook, se surprend et se régale (dans un petit vidéo) de mes différents statuts Facebook qui documentent mes expériences personnelles liées à ma condition. Il questionne le pourquoi d’une telle transparence.

Voici ma réponse :

Salut Pierre

Merci de ton topo. C'est vrai que c'est thérapeutique pour moi et peut-être un peu impudique. Mais comme tu le mentionnes, ce ne sont que les connaissances approuvées sur mon profil Facebook qui ont accès à mes pensées/statut, puisque mon profil est verrouillé et qu'il faut que j'autorise au préalable, les gens, pour qu'ils aient accès à mes statuts. Ainsi, il y a une gradation du dévoilement de mon intimité, dans Facebook, Twitter, mon blogue personnel et celui spécifique à ma condition de transsexuelle. D’ailleurs, je n’avais pas vraiment le choix de dévoiler ma condition au grand jour puisque mon brand était ma personne et qu’un changement de sexe ne passe pas inaperçu. En outre, j’ai toujours été promotrice de la communication authentique et transparente sur le Web, je me devais donc d’être conséquente avec moi-même lorsque mon drame est survenu. Je suis plus ouverte dans des lieux Web qui sont un peu plus fermés (comme Facebook et Twitter) parce qu’effectivement, c’est un peu mon groupe de soutiens virtuels, que ça me fait du bien et que ça documente ce que je vis et que ça pourra servir un jour ou l’autre, si jamais je décide d’écrire un livre, de faire un documentaire ou quoi que ce soit. De plus, ça aide aussi les autres personnes (un homme sur 30 000 et une femme sur 50 000) qui sont aussi aux prises avec la réalité de la dysphorie d’identité de genre…

lundi 14 juillet 2008

Photo avant après de mi-profil

photo avant après FFS de Michelle Blanc

Voici un comparatif photographique avant après, de mi-profil. La première photo a été prise en novembre dernier. Cette photo fait partie d’une série de photos qui ont été prises avant mon hormonothérapie. La copine Julie Bélanger commentait dans Facebook :


Ok, je le sais que c'est étrange ce que j'écris là mais sur la photo de gauche, on dirait que ton regard est éteint alors que sur la photo de droite, tes yeux brillent et tu regardes directement en avant et t'as l'air prête à faire face à tout et surtout à la vie. Peut-être que ça n'a pas de sens ce que j'écris là mais en tk – beau visage. Voilà.


Je lui répondais :


La photo de novembre a été prise alors que j'étais encore en état de dysphorie de genre, qui est une forme de dépression qui se guérit entre autre, par la prise d'hormones qui elle aussi, est un autre outil de confirmation diagnostic.


Je suis donc beaucoup plus heureuse d’être physiquement, ce que mon cerveau est depuis ma naissance, c'est-à-dire femme. Notez aussi que mon visage change encore à la vitesse grand V et je serai fixée sur celui-ci dans encore plusieurs semaines. Mais j’en suis déjà très satisfaite. Je commence d’ailleurs à me faire faire les yeux doux par des messieurs. C’est con à dire, mais je n’avais pas songé à ça et ça me surprend énormément. Encore une autre chose à laquelle je vais devoir m’adapter…


MAJ

La dernière chose à désenfler sera mon nez. Il devrait être encore beaucoup plus raffiné.

MAJ2

Le tour de mes yeux est encore bleu et d’autres changements sont encore à prévoir puisque j’ai enflé si rapidement durant l’opération qui dura 8 heures, que le chirurgien n’a pu compléter toutes les interventions qui étaient prévues (lèvre inférieure, paupière inférieure, base du nez et replis au menton). Dans les prochaines semaines, il complétera donc ses interventions et ma physiologie faciale changera donc encore beaucoup.

MAJ3

J’ai d’abord retiré ce billet, après publication, durant le week-end parce que je n’étais pas satisfaite de la photo de droite et que ma physionomie change encore rapidement. Je me ravise aujourd’hui et le remets en ligne puisque plusieurs ont déjà vu ce billet qui a été diffusé via fil RSS et Feedblitz et que bien que je ne sois pas encore entièrement satisfaite de cette vue de face (je le suis complètement de la vue de profil), je me dois d’être intègre envers mes lecteurs et d’accepter les imperfections qui existent encore. C’était à moi à ne pas mettre ce billet en ligne en premier lieu, si je ne voulais pas encore le diffuser. Voilà…

jeudi 10 juillet 2008

Les détails de ma FFS

Ma chirurgie de féminisation faciale impliquait le remodelage de l’os de mon front et de ma mâchoire (sablage). Pour ce faire, le Dr. Bensimon m’a ouvert le front d’une oreille à l’autre et l’intérieur de la bouche, au niveau inférieur. Il m’a aussi refait le nez et j’ai une petite cicatrice, à la base de celui-ci. Il a redrappé mes paupières supérieures qui étaient tombantes. Il m’a injecté de mon propre gras (qu’il a prélevé au niveau de l’abdomen) dans la lèvre supérieure. Finalement, j’ai aussi des implants au niveau des joues. Ces implants sont vissés sur mon os et ont été implantés via deux petites ouvertures à l’intérieure de ma bouche, au niveau supérieur. Lorsqu’il a recousu la peau de mon front, il a abaissé le niveau de la ligne de mes cheveux et positionné mes sourcils un peu plus hauts qu’ils étaient. Voilà donc les détails de l’opération, pour ceux que cela pourrait intéresser. Des photos de face seront mises en ligne, une fois que je serais complètement satisfaite de celles-ci (mon petit côté fier). Comme je suis encore enflée, de face, mon visage n’est pas encore celui qu’il sera dans quelques jours (ou quelques semaines). Voilà. Ha oui, l’opération a duré 8 heures sons anesthésie générale, je suis restée une journée à l’hôpital et deux jours à la maison de convalescence spécialisée pour Transsexuelle (l’Esclépiade), qui jouxte l’hôpital.

mercredi 9 juillet 2008

Photo avant/après

Chirurgie de féminisation faciale de Michelle Blanc, avant et après

Demain, ça va faire deux semaines que j’ai eu ma chirurgie de féminisation faciale. Mon nez, mes joues et ma lèvre supérieure sont encore enflés. Ça me donne un petit look Marge Simpson qui devrait s’estomper. Mais pour vous donner une idée, voici une photo avant et après. La photo avant a été prise en novembre dernier, avant que je ne prenne des hormones et la photo après a été prise il y a deux jours. Je suis donc très heureuse des résultats qui vont encore s’améliorer. Je suis surtout heureuse de pouvoir maintenant déambuler dans la rue sans avoir à subir ces regards de mépris qui m’ont tant fait souffrir. De me débarrasser de ceux-ci était l’objectif premier de mon opération et je puis d’ores et déjà être complètement satisfaite de l’atteinte de celui-ci…