samedi 30 mai 2009

Dans un mois je devrai renaître

Dans exactement un mois, je devrais renaître. Si les plans ne changent pas (lorsque je dis ça, je parle de toute évidence de situations hors de mon contrôle et reliées à des organismes externes) mon corps devrait enfin être modifié pour correspondre à mon cerveau. J’aurais LES opérations qui feront de moi une femme anatomique. Simultanément, j’aurai les premières et dernières menstruations de ma vie. C’est une manière de parler qui n’est pas si symbolique que ça puisque je devrais avoir des douleurs intenses qui s’accompagneront de cette chirurgie majeure. À ce propos, j’ai demandé à mon chirurgien de ne pas lésiner sur la drogue parce que j’assume ma « moumounitude » et que je n’ai aucun complexe à être gelée durant le temps qu’il faudra. Ce seront aussi mes vacances après tout. Au niveau psychologique, je ne me peux plus d’attendre et j’ai vraiment hâte de me retrouver après ma convalescence et d’enfin magasiner mon maillot de bain et de simplement ÊTRE enfin…

Le côté triste de l’affaire est que c’est de plus en plus difficile pour ma Bibitte d’amour et que sera encore un autre deuil, sans doute le plus important, qu’elle devra vivre. Je souhaite tellement qu’on puisse passer au travers…

jeudi 28 mai 2009

Ma conference Using blogs as support tools, Santé mentale et Internet

Il y a quelques semaines de ça, on m’a demandé d’agir comme conférencier d’ouverture (lire ici conférencière, mais ce n’est pas mauvais que j’écrive conférencier puisque c’est le mot-clé que les gens cherchent dans Google. L’un des désavantages d’être femme ) pour la International Conference on the Use of the Internet in Mental Health, qui avait lieu à L’Institut universitaire en santé mentale Douglas (affilié à l’Université McGill). Ma conférence Using blogs as support tools est disponible en Web vidéo. J’y parle de comment mes diverses présences Web, m’ont aidé durant l’épreuve de ma dysphorie d’identité de genre et de comment ça aide aussi les autres. Par la suite, j’ai participé à une période de question qui est particulièrement intéressante pour moi, parce que j’y parle plus de Web que de mon expérience et que j’aime de toute évidence pas mal plus faire ça. La période de question est en ligne en Web vidéo ici.

Si le sujet vous intéresse, voici la page avec tous les conférenciers, qui sont tous plus intéressants les uns que les autres.

En outre, j’ai déjà aussi parlé de L’Institut universitaire en santé mentale Douglas dans mon billet Le budget ou le courage?

MAJ
Je regarde les vidéos de ce billet et je mesure tout le chemin qu'il reste encore à faire dans ma transition. La voix, la démarche, etc. Ça me donne le blues...

mardi 19 mai 2009

À propos de la « psychiatrisation » de la transsexualité

Ce week-end, dans le journal Libération, on apprenait que La transsexualité ne sera plus une maladie mentale. Mon point de vue là-dessus.

Je n’ai jamais cru que la transsexualité était une maladie mentale. Je crois cependant que c’est une condition qui a une incidence majeure sur les aspects psychologiques et neurologiques de l’individu qui est pris avec ça. Je sais aussi que lorsque le « point de non-retour » est atteint par une personne dont cette condition est latente en elle, la dépression qui s’ensuit, est profonde douloureuse et particulièrement dérangeante. Je l’ai expérimenté et j’ai grandement apprécié la thérapie hormonale qui m’en a délivré. Pour moi, les troubles de l’identité de genre sont un peu comme la trisomie. C’est une affection qui se retrouve de façon aléatoire dans toutes les sociétés et qui nécessite un apport médical afin de faciliter la vie de ceux qui doivent continuer de vivre avec ça afin de les aider le plus possible à s’intégrer à leur nouveau genre et à participer activement à la société en général. D’ailleurs, ce matin, une autre nouvelle tend à confirmer le caractère génétique de la dysphorie d’identité de genre. Dans Un gène expliquerait la transsexualité on peut lire :

Depuis des décennies, il y a un débat sur les causes de transsexualité. Les premières théories reposaient sur des facteurs psychosociaux tels qu’un traumatisme durant l'enfance. Des études plus récentes ont indiqué que les antécédents familiaux et génétiques sont les aspects liés au développement de l'identité sexuelle.

«Il y a un stigmate social voulant que le transsexualisme soit tout simplement un choix de vie, mais nos résultats reposent sur la base biologique de la façon dont se développe l'identité sexuelle», a affirmé pour sa part le chercheur principal, le professeur Vincent Harley et chef du département de génétique moléculaire au Prince Henry's Institute.


Je n’ai pas demandé à être transsexuelle. J’aurais tellement préféré être née femme, ou homme, pas entre les deux. Mais c’est ma condition, je dois composer avec et si la société peut aider mes frères et sœurs d’infortunes, c’est vraiment tant mieux. Tout comme pour les trisomiques, c’est bien que la société prévoit des ressources pour les aider, eux et leur famille…

MAJ
Paradoxalement, de parler de ma dysphorie d’identité de genre, qui est toujours classée comme une maladie psychiatrique, a été très salvatrice pour moi. C’est ce qui est expliqué dans l’article Problèmes de santé mentale: Internet peut faire partie de la thérapie, de PasseportSanté.

mardi 12 mai 2009

Mon premier maniaque

Cette nuit j’ai rêvé que je sauvais une transsexuelle d’un maniaque qui la poursuivait. Je me suis réveillée en me demandant « mais pourquoi je rêve à ça »? Je n’ai pas eu à chercher longtemps pour me rappeler que ça m’est arrivé hier. Sur le coup, je me suis dit que c’était sans importance, mais je réalise maintenant que ça avait plus d’importance que je ne voulais bien l’admettre.
Hier j’étais avec des copains Français à ce que je nomme « ma succursale », le café Laïka à Montréal. Durant notre meeting nous sommes sortis fumer une clope et discuter sur le trottoir. À côté de nous, il y avait un jeune Maghrébin qui parlait au téléphone. Puis nous retournons à l’intérieur finir notre discussion. Une quinzaine de minutes plus tard, notre rencontre se termine. Un peu plus loin dans le même édifice, il y a un dépanneur et un guichet automatique. Je vais m’acheter des cigarettes et en profite pour faire un retrait au guichet. Le jeune maghrébin est maintenant assis sur le garde fou et semble perdre son temps à m’observer. Je n’aime pas vraiment que quelqu'un m’observe faire un retrait au guichet bancaire je me dépêche donc. Puis je sors de l’édifice pour me rendre à ma voiture qui est stationnée sur la rue derrière celui-ci. J’ouvre ma porte et je m’assois sur la banquette et je viens pour fermer ma porte, mais le jeune est là, il retient ma porte et commence à me parler.
- Vous êtes d’origine française ?
-Non ce sont mes copains qui sont Français
-Ha c’est l’accent que j’ai reconnu
Le jeune homme commence à se masser le pénis au travers de son pantalon et poursuit
-Vous êtes québécois?
-Non je suis Québécoise
-vous allez où
-Je vais chez moi
-Je vais vous accompagner
-non merci, c’est gentil
À ce moment je ferme la porte vivement, je démarre la voiture et je m’en vais et dans le rétroviseur, je le vois là, tout penaud, à continuer de se masser le pénis. J’ai comme un sentiment de dégoût. Il ne cesse de fixer la craque de mes seins, mais il pense que je suis un homme parce qu’il me parle au masculin. En fait, il croit que je suis « une shemale » le fantasme de bien des hommes. Je suis aussi très surprise de m’être fait suivre de la sorte et de ne pas m’en être aperçue. Je suis aussi inquiète de m’être mise en situation de danger potentiel de la sorte (j’étais assise dans ma voiture la porte ouverte et lui debout à côté de moi). Finalement, je me rend compte que je suis devenue une proie et que je vais devoir être plus sur mes gardes…

jeudi 7 mai 2009

Suis vraiment, mais là vraiment très contente

Je ne peux pas confirmer quoi que ce soit à propos du MSSS, mais je vais me faire opérer le 30 juin par le Dr. Pierre Brassard, tel que prévu (Vaginoplastie et augmentation mammaire). C’est aussi avec grand plaisir que je serais la présidente d’honneur de l’édition 2009 des Célébrations de la fierté de Montréal. Wouhouhou…

La vie a de ses aléas qui font plaisir...

MAJ
Je suis évidemment très émotive et Bibitte aussi.

mercredi 6 mai 2009

Si le MSSS le veut, je serai présidente d’honneur de la Célébrations de la Fierté de Montréal

Ce midi je mangeais avec messieurs Éric Pineault et Jean-Sébastien Boudreault, président et vice-président des Célébrations de la fierté de Montréal. L’événement annuel des gais, lesbiennes, bisexuel(les) et transsexuel(les) de Montréal. Ils voulaient que je sois la présidente d’honneur de cet événement d’envergure international. J’étais évidemment touchée de cet honneur et d’apprendre que le conseil d’administration a débattu de ma candidature et en a décidé à l’unanimité (ce qui paraît il est assez rare). En fait, je serais requise pour différentes conférences de presse, pour la journée du défilé et je participerais aux différents événements de la semaine d’activités. J’ai évidemment discuté de la perception que certains d’entres-cous mon partagé, nommément celle des grandes folles qui ont des plumes dans l’cul et de l’impact possiblement négatif que cela pourrait avoir sur mon brand et mon image de marque. Mais d’un autre côté, ces rare occurrence sont des images que prisent certains médias et qui font ombrages aux milliers de bénévoles qui font la promotion de la culture, de l’acceptation de la différence, de la lutte à l’isolement, du respect des droits et du partage des combats humains qu’il reste malheureusement à faire. J’étais bien d’accord avec eux sur ces différents sujets. Nous avons aussi discuté de la Carifète et même de la St-Patrick qui ont aussi leur lot d’énergumènes, mais qui ne font pas tout le tapage que peut faire « un cuirette avec ses chaps sans fesse ». Il y a évidemment la journée communautaire où des dizaines d’organisations bénévoles (dont l’association des Transsexuel(les) du Québec que je supporte vivement) font la promotion de leur cause et vulgarise pour le grand public, les différents enjeux que peuvent vivre la communauté GLBT et dont on ne parle pas assez encore dans les médias. Il y a aussi tous ces événements culturels et ces shows au Parc Émilie Gamelin et sur Ste-Catherine. J’ai donc offert mon accord de principe pour être leur présidente d’honneur à condition que?
L’os
J’attends toujours une confirmation du MSSS quant à la date du dépôt de leurs fameux critères permettant aux trans de se faire opérer aux frais du gouvernement. Si la confirmation vient à temps et si je peux enfin me faire opérer le 30 juin tel que réservé et entendu avec le Dr. Pierre brassard, les dates concorderont avec celle de l’organisation des Célébrations de la fierté de Montréal. Sinon, s’il y a conflit d’horaire, peut-être devrais-je passer mon tour. Comme on dit, je suis sur les dents…

Arracher la tête d’un ti-cul

Hier soir j’étais au lancement du livre Mama cool de la copine Marie-Julie Gagnon. Étant encore une fumeuse, je sors à l’extérieur fumer une clope avec un copain. Nous discutons de choses et d’autres puis sur le trottoir, un ti-cul d’une douzaine d’années, passe devant nous avec sa petite sœur de 5 ou 6 ans. Puis il se met à crier après moi.
« Un gars dans une robe, un gars dans une robe . Hey, pourquoi tu te mets une robe? »
Exaspérée je lui réponds, « pourquoi toi tu es un p’tit gros »
Il rétorque, « parle-moi avec ta voix de gars! Tu t’es fait pousser des tetons? On ne voit même pas la bosse de ton pénis! »
Je réponds « et toi tu peux te faire pousser un peu de jugement? Tu crois que c’est gentil de faire chier les gens? »
Il repart en criant « un gars en robe, un gars en robe » et il arrête chacun des passants sur le trottoir pour les avertir de l’énergumène qui est « un gars en robe » un peu plus bas sur le boulevard St-Laurent.
Mon copain n’en revient tout simplement pas. Il lui aurait arraché la tête. Moi aussi d’ailleurs. Mais que faire à un enfant si mal embouché? C’est un enfant après tout! Ça me fait aussi songer que c’est ma voix qui l’a fait réagir et que j’ai encore du travail à faire dessus. On dit aussi souvent que la vérité sort de la bouche des enfants, mais avec tant de véhémences? D’un côté, j’étais contente que mon copain soit témoin de cette méchanceté et qu’il prenne la mesure de certains des écueils avec lesquels je dois encore composer. Moi je fus sous le choc pendant une grosse demi-heure et j’ai pu ventiler ça avec ma Bibitte d’amour au téléphone plus tard en soirée. Heureusement j’eu bin du plaisir avec les potes le reste de la soirée et malgré cet épisode douloureux, j’ai tout de même passé une très belle journée hier. Mais je suis encore consciente que ma transition est encore loin d’être terminée, disons…

mardi 5 mai 2009

Tout est affaire de perception

Comme suite à mon billet d'hier Votre avis sur la fierté gaie de Montréal Voici le courriel (très surprenant et rafraîchissant pour moi) que je reçois (le nom a été enlevé pour respecter la confidentialité de l'émetteur):

Subject: Fierté Gaie de Mtl

Michelle,

J'avais envie de te donner une réponse plus personnelle à cette fameuse question de co-présidence de la Fierté Gaie.

Tout d'abord, je tiens à te dire que je t'ai lue pendant un bon trois mois avant de savoir que tu étais transexuelle. Jamais, mais absolument jamais je n'ai pensé que tu étais transexuelle et encore moins un homme. Je voyais ta photo et lisais tes propos qui était ceux d'une femme.

Parfois, je me disais qu'elle était bien engueulée la Michelle. Qu'elle avait vachement confiance en elle (une mâle assurance diraient certains) et qu'elle disait des trucs que peu de femmes osent dire, mais j'attribuais ça à la maturité qui vient avec l'âge ou l'expérience.

Je t'ai aussi vu à tout le monde en parle, distraitement je l'avoue. J'y avais vu une transexuelle parler de son parcours (je n'ai pas prêté attention à son nom), sans jamais ne faire de lien avec la Michelle Blanc de Facebook ou du blogue.

Puis, je t'ai vu au lancement des capsules de Mère Indigne. Tu étais si grande. Je t'imaginais plus petite. Probablement parce que les petites femmes ont souvent beaucoup de caractère. Et ta voix, une voix grave. Ça, par contre, je l'imaginais assez grave, mais pas autant. J'ai finalement fait le lien avec TLMEP.

Pour tout dire, je ne peux même pas imaginer l'homme que tu as été. Encore moins parler de toi au masculin.

Comme je ne te côtoie pas en personne, j'ai recommencé à te lire sans ta voix grave. Donc, ma réaction, degré zéro, à la co-présidence de la Fierté gaie a été: "ben voyons donc, une femme hétéro à la co-présidence!"

Puis, je me suis demandée pourquoi je t'imaginais hétéro? Drôle, non?

Je n'ai pas de mauvaise ou de bonne opinion sur l'événement et quand je te vois, je ne vois aucune cause. Je ne vois qu'une femme, comme moi. Et, je ne me vois pas du tout présider un tel événement!

Voilà, j'avais juste envie de te donner l'impression, degré zéro, d'une inconnue.

Tout est une question de perception finalement!

Pour la co-présidence, fais ce qui te fait plaisir! La vie est si courte!

lundi 4 mai 2009

Votre avis sur la fierté gaie de Montréal

J’aimerais avoir votre avis sur la Fierté gaie de Montréal, spécifiquement parce qu’on me demande d’être coprésidente d’honneur de l’événement de cet été. Je n’ai pas encore prise de décision et je vais peser le pour et le contre d’une telle implication sur mon image de marque (mon brand) et sur mon entreprise. Il est clair que c’est déjà un honneur puisqu’aucune transsexuelle n’a encore été coprésidente de cet événement majeur GLBT. Il m’apparaît aussi important de continuer le combat de la vulgarisation et de démystification de cette réalité qui touche beaucoup de gens (surtout si on met dans le même panier les familles et les gens qui entourent les personnes aux prises avec la dysphorie d’identité de genre). Cependant, comme je l’ai déjà mentionné, jne ne suis pas une bête de cirque et j’ai toujours soigneusement choisi les forums et les médias avec lesquels je m’entretenais de ma condition. J’ai donc encore quelques jours avant de prendre une décision finale. Merci de vos avis…

dimanche 3 mai 2009

Le retour du Gal’s Spring Fling

Ce week-end, Bibitte et moi étions au Gals Spring Fling 2009 de Gananoque. C’est un week-end transgenre regroupant principalement des travesties (mais aussi quelques transsexuelles) et leur conjointe. J’y étais invitée à titre de conférencière (pour discuter de mon propre parcours) et je n’avais vraiment aucune idée de ce que ce serait. Ou plutôt si, j’avais bien des préjugés. C’est qu’avant d’être transsexuelle, j’ai évidemment été travestie. La majeure partie de ma vie de travestie s’est fait dans le cocon protecteur de mon garde-robe et que très, très peu de temps, à l’extérieur de chez moi. Je ne peux donc pas dire que je m’identifie réellement à eux et j’avais des appréhensions pour Bibitte qui m’accompagnait. Elle en avait elle-même et m’avait dit : Michelle, on va prendre ça d’heure en heure et si jamais je ne me sens pas à l’aise, nous avons la possibilité d’aller coucher dans un autre hôtel et après ta conférence, on pourrait simplement aller visiter Kingston qui est tout prêt. Mais à ma grande surprise et à la sienne, il y avait quelque chose d’attendrissant de voir ces hommes qui expriment leur féminité refoulée, sous le regard complice, de leur tendre moitié. Nous sommes donc restés pour tout le week-end (si on exclue une escapade rapide à Kingston pour faire un peu de shopping). Nous avons franchement rigolé (d’un rire complice) de voir ces hommes d’origines sociodémographiques et de corpulence très, mais vraiment très diversifiés, déambulé avec fierté, lors du défilé de mode durant la soirée. Certaines étaient très féminines au point de m’en rendre même jalouse, tandis que d’autres avaient l’air d’un camion remorque peinturé rose. Mais toutes ces dames d’un week-end avaient un sourire d’épanouissement peu commun. Je reviens de ce week-end touchée et perplexe quant à la montagne de préjugés qu’il reste encore à faire tomber dans ma propre tête, mais aussi dans la société en général.