mercredi 27 octobre 2010

D’une vaginite 2.0

À ma grande surprise, la semaine dernière j’ai eu une vaginite. J’en étais à la fois inquiète et heureuse. Mon chirurgien m’avait prévenue que ça pouvait arriver, qu’il fallait que je m’essuie différemment de ce que j’avais l’habitude de faire et que peut-être certains savons ou tissus ne correspondraient pas à ma flore vaginale. Parlant de flore vaginale, sous la pression des hormones, deux ans après une vaginoplastie, si on fait un prélèvement vaginal chez une femme biologique ou chez une nouvelle femme et qu’on compare les deux, on ne pourra différencier lequel vient de quelle femme. C’est vraiment fascinant le corps humain… et la science. Toujours est-il que dans mon enthousiasme et avec mon sens de l’humour légendaire, j’ai partagé cette trouvaille sur les médias sociaux. Les réactions furent vives et instantanées. Plusieurs femmes trouvèrent ça très drôle, et plusieurs hommes soi-disant virils en furent choqués.

Je reçut de nombreux courriels de femmes me partageant leurs trucs pour régler ça de même que plusieurs insultes au passage. Ça a même fait les manchettes de plusieurs médias numériques! Il semble qu’il y ait des choses dont on ne parle pas. Il semble que je sois vulgaire. Il semble aussi que je sois pipi-caca. J’admets volontiers être provocatrice, j’ai toujours aimé l’humour scabreux et il est important de détruire des tabous tenaces et de parler de « vraies affaires ». Ce qui choque n’est pas seulement que J’OSE dire à la face du monde que j’ai eu une vaginite, mais que je sois une nouvelle femme, qu’on nomme aussi transsexuelle, un transexuel, un mec, un ex-mec, un transgenge ou une shemale. Tout cela en fonction de sa compréhension des termes techniques de la transsexualité, de son ouverture d’esprit et de son respect de l’autre. Cet épisode ouvre aussi tout un pan de nos perceptions sexistes et moralistes.

« Une femme ne dirait jamais ça » -- d’une femme

« Parce que c'est juste fucking impossible, elle a juste la peau irritée, elle peut pas avoir de vaginite criss !!! » -- d’une autre femme

« Tu connais mal tes sécrétions; c'est du smegma pas du segma. RT @PierreLuc_: Après l'histoire de vaginite, quel gars va ns parler de segma? » -- d’une sexologue à un gars qui ne sait définitivement pas de quoi il parle

« J'aimerais déclarer ceci : je n'ai pas présentement, et je n'ai jamais eu de vaginite... » -- un journaliste mâle

Constats de cette histoire

Notre société est encore bien fermée à parler du corps humain et de ses diverses sécrétions naturelles. Surtout si elles proviennent du corps de la femme. Comme j’ai longtemps été un homme, que j’ai fait une transition publique et que je ne cache pas en avoir déjà été un, je vais porter probablement l’odieux titre de Transsexuelle ou pire de transsexuel (qui est généralement réservée pour une femme qui fait une transition pour devenir un homme et au terme duquel on devrait plutôt appeler monsieur) ou d’ex-mec, je risque de mourir avec un chapeau d’article disant une connerie comme :

Michelle Blanc né Michel Leblanc est mort aujourd’hui. Il est un transsexuel qui a fait avancer la cause des personnes transgenre…



Pour suivre les discussions Twitter à propos de la vaginite (je devrais plutôt dire de ma vaginite)…
http://twitter.com/#!/search/vaginite